En 1925, à Abalessa, près de Tamanrasset, dans le Hoggar algérien, des archéologues découvraient la tombe d’une femme. Le squelette était accompagné de pièces de monnaie à l’image de l’empereur romain Constantin, de bijoux et de mobilier funéraire. A n’en pas douter, la tombe d’une reine. Mais qui exactement ?
L’examen du squelette montre que la femme souffrait d’une lombarthrose et donc qu’elle boitait. Ce détail oriente les archéologues vers un récit de l’historien Ibn Khaldoun qui parlait des Touaregs comme étant les enfants de la « femme qui boite » : une certaine Tin Hinan. En recoupant cette information avec des contes touaregs, il ne fait bientôt plus aucun doute. Il s’agit bien de cette reine berbère qui vécut au IVe siècle. La tradition orale touarègue la décrit comme « une femme d’une beauté irrésistible, grande, au visage sans défaut, au teint lumineux, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l’ensemble évoquant à la fois la beauté et l’autorité ». Toujours selon la légende, Tin Hinan serait arrivée dans le Hoggar en traversant le désert du Sahara depuis une vaste région alors appelée le Soudan, en compagnie de sa servante Takamat et d’animaux domestiques, à une époque où le désert était plus accueillant qu’aujourd’hui et parsemé de nombreuses oasis. Arrivée à Abalessa, Tin Hinan y développe un petit royaume qui vit du commerce des caravanes entre la Méditerranée et le « Soudan », terre mythique où se trouveraient les mines d’or du roi Salomon.
Alors, de temps en temps, les Touaregs viennent honorer leur reine. L’occasion de faire la fête, de chanter, danser et de se montrer avec ses bijoux, son plus beau dromadaire, son cheich le plus précieux et le plus long et de défilé au son des tambours.
Le squelette et les bijoux sont désormais conservés au musée du Bardo à Alger.