Renommés de part le monde, les tissus Rubelli proviennent d’une petite usine perdue dans les collines des environs de Côme. Au deuxième étage d’une belle bâtisse du XIXe siècle du village de Cucciago, Lorita Bellocco reproduit des gestes venus d’un autre temps. Il lui a fallu près de six mois de formation pour synchroniser le jeu de pieds et le jeu de mains indispensables au bon fonctionnement du métier à tisser du XVIIIe sur lequel elle produit des pièces uniques commandées par des clients fortunés.
« Il faut compter environ 3 000 euros le mètre linéaire, précise Loredana di Pascale, directrice marketing. Pas tout à fait un mètre carré en fait, car la largeur de ces métiers ne dépasse pas 60 cm ». Quatre de ces métiers à bras, remontés en 2004, occupent désormais cet étage appelé le « musée-laboratoire ».
Dans la cour, le décor est tout autre et le siècle diffèrent. Dans la lumière blanche des néons, vingt-huit métiers Jacquard de dernière génération contrôlés par ordinateur et une soixantaine d’ouvriers produisent plus de 500 000 m² de tissu par an. Ici prend forme l’essentiel des collections Rubelli (Rubelli Venezia, Dominique Kieffer, Donghia, Armani/Casa). Les lampas, damas, unis et faux-unis, velours, imprimés, dentelles, voilages et autres textiles sont ici tissés à l’aide de fils naturels (soie, coton, lin, laine…) auxquels sont parfois associés des fibres artificielles et synthétiques afin de donner éclat et souplesse mais aussi résistance au feu (fibres polyester non-feu ou Trevira CS) comme c’est le cas de la collection « Contract » destinée à l’hôtellerie, aux navires de croisière et aux lieux publics (La Scala à Milan, la Fenice à Venise, le Palazzo Farnese à Rome, le Bolchoï à Moscou, l’Albertina de Vienne…).