Pour fêter ses dix ans, la Co(o)niche a profité du confinement pour refaire son restaurant, le Ô. Philippe Starck, qui a porté le lieu sur les fonds baptismaux, a accepté de le repenser pour en faire un endroit chaleureux et convivial, même (et surtout) hors-saison.
Je ne connaissais pas le Ô avant. Et je ne le regrette pas, malgré les avis dithyrambiques qui, déjà à l’époque, fusaient. On m’avait parlé d’un endroit à la vue extraordinaire, donnant sur la piscine, le bassin et le ciel. Epuré, blanc, tout de bois vêtu, style cabane de pêcheur, un peu améliorée quand même, le restaurant semblait ne vivre que par cette vue sublime. Et sa cuisine, naturellement, mais j’en parlerai plus loin. Désormais, en entrant, c’est le restaurant qui vous ravira l’œil. Philippe Starck y a osé des céramiques d’un jaune soutenu qu’illuminent des miroirs sans teint. Le pari était risqué, Philippe Starck l’avoue lui-même, mais le résultat est là. C’est comme si le soleil était dans la pièce. Le bois est redevenu brut -cèdre rouge pour être précis-, et poétique avec des petits bouts de phrases qui interrogent le regard et font sourire. A vous de reconstituer, par bribes, « La Fabuleuse Vie Secrète des Huitres » sortie de l’imagination de l’artiste Sergio Mora et éparpillée sur les poutres. Au plafond, Ara Starck, la fille de Philipe, a créé une fresque relatant un univers marin fantasmagorique. Partout livres et cadres s’amoncellent. Au fond du restaurant ont été accrochées deux photos de montagne en hiver histoire de créer un autre décalage, titiller l’œil et donc l’interrogation. Autours des grandes tables en bois, brut lui aussi, est disposée une bonne dizaine de modèles de fauteuils, chaises et de tabourets différents. Ce côté dépareillé ajoute à l’ambiance maison de vacances meublée de tranches de vie successives. Au plafond, les lustres se font plus chics, signés Androméda ou Keir Townsend. La cabane de pêcheur a pris du grade.