Vivants, les coraux sont d’incroyables et patients bâtisseurs sous-marins. Au fil des siècles, les massifs de coraux deviennent de véritables barrières qui deviennent même des îles. Leur génie constructeur se perpétue même après leur mort. Dans tout l’Océan Indien, le corail reste encore le principal matériau de construction disponible.
Compact et léger, facilement accessible, le corail est la pierre angulaire de tous les palais de Zanzibar et de Lamu mais aussi des maisons, plus humbles, des pêcheurs de la côte Est de l’Afrique. Les gisements coralliens se rencontrent presque partout sur les côtes. Mais tous ne sont pas bons à exploiter. Les plus récents sont souvent trop mous et tous les coraux ne se valent pas, présentent des différences considérables du point de vue dureté, consistance et résistance. Il faut donc trouver les plus anciens possibles, enlever la couche supérieure mélangée avec la terre et creuser un mètre ou deux pour atteindre la bonne densité.
Au Kenya, sur l’île de Manda, située en face de Lamu, ces carrières se visitent. Le travail des tailleurs est harassant. Chacun creuse son propre trou et taille des blocs rectangulaires avec un pic, le tout sous le soleil et sans eau. Une fois taillés, ces blocs sont mis à durcir au soleil, rassemblés puis portés à dos d’homme ou d’âne vers la plage où ils seront chargés dans des dhows à destination des ports de la côte (Lamu, Mombasa, Zanzibar…).
Le corail peut être utilisé sous plusieurs formes. Le plus souvent, il est taillé en moellons d’environ 30 cm de large sur 20 cm de haut pour monter les murs. Le nec plus ultra, utilisé par de nombreux hôtels , est d’utiliser des petits morceaux de coraux avec les traces des animaux pour parfaire la décoration intérieure ou extérieure. Lorsque le commanditaire est moins riche, le corail est utilisé en bloc grossier mélangé à de la terre et coulé entre des poteaux de bois de palétuvier entrelacés. Enfin le corail est aussi utilisé sous forme de chaux. Les mortiers faits de chaux corallienne, de glaise rouge calcinée et de sable acquièrent une résistance considérable avec le temps.