Né en 1919, Geoffrey Bawa, considéré comme l‘un des architectes asiatiques les plus influents de son temps et père du style «modernisme tropical», fait d’abord des études de droit. Ce n’est qu’en 1948, alors qu’il vient d’acheter une plantation dans la région de Bentota, qu’il se prend de passion pour l’architecture. Le domaine de Lunuganga, sur la côté ouest du Sri Lanka, est aujourd’hui considéré comme son manifeste.
S’inspirant des jardins italiens de la Renaissance, il entreprend de remodeler le paysage en aplanissant les collines, plantant des centaines d’arbres, disposant maisons, pavillons et lieux de repos au cœur de la jungle. Son style, appelé le « modernisme tropical », est un mélange subtil de moderne et de traditionnel, d’oriental et d’occidental, de formel et de pittoresque. En brisant les barrières entre l’intérieur et l’extérieur, entre le bâtiment et le paysage, il offre un modèle pour une nouvelle façon de vivre en harmonie avec la nature. Bawa se rend compte rapidement que ses ambitions sont contrariées par son manque de connaissances. En 1951, il décide alors à travailler comme apprenti architecte auprès d’Herbert Henry Reid, du cabinet Edwards, Reid et Begg fondé à Colombo en 1923. En 1952, Bawa s’inscrit à l’Architectural Association de Londres, termine sa formation en 1957, à l’âge de 38 ans, et s’associe avec un artiste, Laki Senanayake, une styliste, Barbara Sansoni, et une créatrice de batiks, Ena de Silva. Sa première réalisation est sa maison/bureau de Colombo au 33rd Lane. Ce projet lui permet de démontrer sa capacité à rassembler des éléments d’époques et de lieux différents afin de créer un ensemble nouveau et original. Au fil des années, Bawa crée un dédale paisible de cours, de loggias et de vérandas. Il y a des pièces sans toit, des toits sans murs, des pergolas, des treillis, des bassins et des fontaines. Enfin, il surmonte le tout d’une tour moderniste blanche, en écho à la maison Citrohan du Corbusier, qui tel un périscope, permet d’apercevoir l’océan indien. Dans un article du Times of Ceylon Annual paru en 1958, il écrit : « Dans mes recherches personnelles, j’ai toujours regardé vers le passé pour l’aide que des réponses architecturales précédentes peuvent apporter. […] A Ceylan, peu importe que l’architecture soit néerlandaise, portugaise, indienne, singhalaise ancienne ou encore britannique. Toutes ont pris avant tout Ceylan en considération. » En 2001, il le prix spécial Aga Khan d’architecture. A sa retraite, il retourne dans sa maison-jardin de Lunuganga. Geoffrey Bawa décède le 27 mai 2003.
Aujourd’hui encore, de nombreux édifices demeurent dont certains sont gérés par la fondation Bawa qui y loue des chambres. Parmi les plus emblématiques : maison Ena de Silva, Bentota Beach Hotel, Light House hotel, parlement national, université de Ruhunu, maison Mirissa.