Chaque année, en juin, les villages des vallées tibétaines se défient lors de courses de chevaux montés à cru. L’occasion pour les hommes de montrer leur courage et les femmes de paraître dans leurs plus beaux atours. Un moment convivial au cours duquel chaque famille reçoit ses amis et invités dans sa tente autour du chaï traditionnel (thé au lait), accompagné d’un chausson à la viande ou aux légumes et de yaourt à base de lait de yak.
En juin, une fois la tonte des yaks passée, les éleveurs tibétains se réunissent dans une vaste plaine, choisie avec soin par un moine. Cette année là, ils se sont retrouvés près de Ritoma, village de 200 familles, 6 000 yaks, 20 000 moutons. L’herbe y est d’un vert tendre et s’étire à l’infini. Ici et là des camps de tentes en feutre fument.
Des chevaux et des yaks paissent un peu partout. Au milieu de la plaine, une colline pointue semble être le seul relief environnant encore couvert de neige. Y grimper nécessite un peu de souffle car, ici à 3 500 m d’altitude dans la province chinoise de l’Amdo, le moindre effort se paie cash. Cette petite ascension est également faite par des Tibétains accompagné de leurs chevaux. Au sommet, le sol et recouvert de milliers de petits carrés blancs, autant de prières dispersées au vent par ces cavaliers qui, dans l’après-midi, prendront part aux courses de Lapsté. En effectuant ce rituel, la chora, ils espèrent attirer les bonnes grâces des dieux et remporter une des courses.
Ici pas de prix ni de coupe, la récompense est juste la fierté de faire gagner qui sa vallée, qui son village. Alors, pendant que les concurrents se préparent, le public prend place autour du cercle tracé sur l’herbe par des fanions de couleur. Les femmes sont parées de leurs plus beaux atours (tissus brodés, lourds colliers d’ambre, large ceinture d’argent) et la plupart des hommes ont revêtu la traditionnelle tchouba, épais manteau de laine couleur carmin doublé de soie. Les moines en robe rouge se repèrent de loin.
Les courses se font par groupe de dix cavaliers qui montent à cru leur cheval et l’âge moyen des concurrents n’est pas bien élevé, à peine 20 ans souvent moins. Le gagnant est celui qui a réussi à effectuer trois tours de pistes sans tomber de sa monture (déjà un exploit) et qui bien sûr arrive en tête.